En 2018, plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits issus de l’agriculture biologique et près des ¾ consomment bio régulièrement (au moins une fois par mois). 

Un beau dimanche de printemps, vous tombez sur des pamplemousses bio, produits en Espagne. Sur le stand d’à côté, des pamplemousses d’un producteur à 20 km, non traitées mais non certifiées bio. Que choisir ? Produits frais, locaux, de saison, issus d’agriculture biologique ou raisonnée : les caractéristiques des produits d’alimentation en faveur du mieux manger sont nombreux. Afin de faire vos choix, il est important de savoir ce que signifient ces critères.

Dans cet article, nous allons vous donner les clefs pour différencier les avantages de l’agriculture biologique et de l’agriculture raisonnée. 

Qu’est ce que l’agriculture biologique ? 

Aujourd’hui, que ce soit avec le logo « AB » français ou avec l’Eurofeuille européen, vous pouvez très facilement identifier les produits issus de l’agriculture biologique. Ces deux labels certifient un niveau de qualité ainsi qu’un mode de production et de transformation respectueux de l’environnement, du bien-être animal, de la santé des êtres vivants et de la biodiversité. 

Le cahier des charges de l’agriculture biologique est très clair : 

  • Zéro produit chimique : l’usage de produits chimiques de synthèse, d’OGM est interdit et l’utilisation d’intrants limitée.
  • Une transformation naturelle : pas de colorants, d’arômes chimiques, pas d’enrichissement en vitamines, minéraux, antioxydants, additifs limités.
  • Le respect du bien-être animal : s’il s’agit d’un élevage, les animaux doivent avoir accès à un parcours extérieur, un espace bien aéré, de la lumière et une surface minimum par animal. Ils doivent être nourris avec une alimentation bio, et leur santé doit être anticipée, et non traitée avec des antibiotiques. 

En principe, les organismes certificateurs et autorités de contrôle sont donc chargés de vérifier le bon respect de ces dispositions lors des contrôles annuels. L’agriculture biologique a fait un réel bon depuis 10 ans. En dix ans, les surfaces certifiées bio en France ont été multipliées par 5 et représentent aujourd’hui 7,5% de la surface agricole utile, contre 6,5% en 2017. Les consommateurs français privilégient de plus en plus ce type d’alimentation, afin de limiter l’impact de produits chimiques cancérigènes ou de perturbateurs endocriniens sur leur santé.

Mais l’agriculture bio vraiment la seule alternative à l’agriculture conventionnelle ? Peut-elle nourrir la population croissante de la France et du Monde ? 

L’agriculture raisonnée : un équilibre entre productivité et respect de la nature

Elle caractérise la démarche qu’utilisent les agriculteurs prenant en compte la protection de l’environnement, la santé et le bien-être l’animal, sans pour autant être certifiés “bio”. Les pratiques d’agriculture raisonnée sont définies entre agronomes, spécialistes de l’environnement, de la distribution et les consommateurs. Au niveau légal, il existe en France une loi qui fait référence à l’agriculture raisonnée, mais dont le cahier des charges n’est pas aussi précis que pour l’agriculture biologique.

L’agriculture raisonnée est à mi-chemin entre des techniques innovantes et savoir-faire traditionnels. Par exemple un agriculteur “raisonné” pourra utiliser, en fonction du besoin des engrais chimiques ou des OGM à certaines périodes de l’année. Selon ses défenseurs, elle est la meilleure alternative à l’agriculture conventionnelle, face à la croissance de la demande (10% par an), face aux enjeux environnementaux et à la difficulté réglementaire de la conversion en agriculture biologique.

Aujourd’hui, la forte croissance de la consommation de produits biologiques implique l’importation de nombreux produits de l’étranger. Ce qui, en terme de d’impact  carbone, est loin d’être parfait. En agriculture biologique, les rendements ne permettent pas, à l’heure actuelle, de répondre à la demande croissante et à l’estimation de 9 milliards d’êtres humains à nourrir en 2050.

Pour Au bout du champ, qui propose des fruits et légumes aux habitants de la région parisienne, provenant de moins de 150km de leur point de vente : “Notre volonté première est de proposer des fruits et légumes locaux, frais, cueillis à maturité. Si nous travaillons avec des producteurs en agriculture biologique, nous ne cherchons pas à vendre spécialement des produits bio. Nous encourageons toutefois une agriculture respectueuse de l’environnement et nos producteurs, s’ils ne sont pas tous labellisés travaillent dans le respect de la terre, des saisons et de la biodiversité. En Île-de-France, seulement 4% des exploitations sont labellisées bio et nous avons besoin de bien plus de maraîchers pour fournir nos points de vente. Certains produits bio sont particulièrement onéreux, avoir des producteurs non labellisés nous permet également de proposer des produits plus abordables.”

Que choisir ? 

Globalement, la principale différence est donc le cahier des charges plus stricte sur l’agriculture biologique. La conversion en agriculture biologique nécessite un investissement conséquent, et en moyenne, entre le moment où l’agriculteur entame sa conversion en bio et le moment où il pourra vendre ses produits à travers le label bio (au prix du label bio), 3 longues années vont s’écouler, ce qui peut être un réel frein financier pour les agriculteurs.

Afin d’effectuer les bons choix qui correspondent à vos valeurs, vos goûts et votre porte-monnaie, il est surtout très important de connaître l’origine des produits que vous consommez, qu’ils soient issus de l’agriculture biologique, conventionnelle ou raisonnée. Aller à la rencontre des producteurs, sur les marchés ou à travers une AMAP, vous permet de connaître plus en détails les conditions de production de vos produits. Il faut aussi savoir que les produits issus d’agriculture biologique importés n’ont pas les mêmes normes et critères que le label bio français. En Espagne, les visites sont moins fréquentes qu’en France pour vérifier que le cahier des charges est respecté.
Si vous souhaitez encourager une agriculture plus locale, sachant que le transport représente 11% de l’émission de gaz à effet de serres lié à l’agriculture, l’agriculture raisonnée est une bonne alternative, tout en se renseignant auprès du producteur.

Si pour vous, l’avenir de l’alimentation durable réside en majorité dans l’agriculture biologique, vous pouvez choisir soutenir les agriculteurs en achetant les produits labellisés et permettre à ceux qui ont besoin de ressources et d’investissements pour passer à une agriculture 100%  bio de réaliser leur projet. Et pour cela, il y a MiiMOSA 😉