Solenne Mutez
Mise à l’arrêt de la restauration collective, marchés autorisés au compte-goutte, fermeture des restaurants : le COVID19 a braqué tous les projecteurs sur la grande distribution. La situation de crise actuelle ne détourne pas pour autant l’attention des consommateurs sur les engagements pris par les marques et les enseignes de la distribution. Et pour cause, de nombreux scandales alimentaires ont vu le jour ces dernières années au même rythme que les crises agricoles et sanitaires.
La pandémie actuelle vient tirer la sonnette d’alarme et nous invite à revoir notre modèle agricole. Destruction de la biodiversité, appauvrissement des sols, précarisation de la profession : voici la véritable partie immergée de l’iceberg. L’agriculture industrialisée et intensive couplée à une distribution massive à l’échelle globale commencent à montrer leurs limites et amènent les distributeurs à se réinventer. Devant l’ampleur de la transition à accomplir, ils ont commencé à agir en choisissant leur combat.
Soutenir l’agriculture biologique
La forte demande des consommateurs pour des produits issus d’une agriculture éco-responsable a favorisé ces dernières années un développement considérable des circuits courts et la démocratisation du bio. Certains groupes vont jusqu’à ouvrir des enseignes dédiées exclusivement à l’agriculture biologique comme Naturalia du groupe Casino, Carrefour bio ou encore Coeur de Nature pour Auchan ; ou créer leur propre marque de distributeur (MDD) bio : Monoprix Bio & Bio Origines, Bio Village pour Leclerc, Regain pour Intermarché, etc…
Par ailleurs, les investissements liés à la conversion au bio sont coûteux et ne sont pas amortis par la montée en gamme de prix les premières années. Conscient que cette labellisation ne se fait pas en un jour et qu’elle génère un manque à gagner dans les premiers temps, Leclerc a lancé la marque “Récoltons l’avenir”. Elle permet aux agriculteurs de valoriser ainsi leurs changements de pratiques pendant la phase de labellisation.
Se rapprocher des agriculteurs
Dans la même démarche, Intermarché s’est engagé pour trois ans aux côtés de la start-up “Né d’une seule ferme”, spécialisée dans la production de yaourts, en vue d’encourager la production en circuit court, directement à la ferme. Avec un prix du litre décent, la prise en charge de la commercialisation et un accompagnement dans la production, Intermarché offre ainsi aux éleveurs de meilleures conditions de travail.
De son côté, Auchan a rejoint Danone lors de la seconde édition de son opération “Je sais, j’agis” pour sensibiliser les Français à des pratiques agricoles plus respectueuses des sols, de la biodiversité et du bien-être animal. Pendant les cinq jours de l’opération, dix centimes ont été reversés à des projets d’agriculture durable pour tout produit acheté de la marque Danone ou des filières responsables d’Auchan. De surcroît, les consommateurs étaient invités à aller voter pour les thématiques qui leur tenaient le plus à coeur, avec financements à la clé.
Investir dans l’agriculture durable, le bien être animal et le zéro déchet
Carrefour, de son côté, a décidé de prendre à bras le corps le vaste sujet de la transition alimentaire en lançant en 2019 la plateforme “Je participe”, en partenariat avec MiiMOSA, afin d’encourager les solutions pour mieux manger. Développement de l’alimentation végétale, innovations pour une meilleure nutrition, production bio… En investissant à partir de 50000€ dans des projets en prêt ou 3000€ pour une sélection de projets lauréats en don avec contreparties, Carrefour aura permis le cofinancement de 52 projets.
L’agriculture durable n’est pas le seul cheval de bataille de la grande distribution, certaines enseignes s’attellent au bien-être animal. Le cas d’école des oeufs de batterie a mis en lumière certaines pratiques. Pour soutenir un modèle plus durable et respectueux du bien-être animal, Carrefour soutient et référence les oeufs de la ferme-pilote “Poulehouse”, qui promeut un mode d’élevage respectueux des poules dans lequel celles-ci seraient choyées tout au long de leur vie sans jamais passer par l’abattoir. En bref : “l’oeuf qui ne tue pas la poule”.
Enfin, la grande distribution tente de prendre le train du zéro déchet en marche, consciente de la concurrence émergence des épiceries en vrac et de la pression des consommateurs. Des rayons entiers de produits en vrac ont fait leur apparition dans les supermarchés. Si Auchan fait office de pionnier, les autres distributeurs s’y mettent progressivement. Franprix s’est notamment lancé dans le consignage de contenants réutilisables dans un magasin-pilote à Paris, en partenariat Solzero, Bulk&Co et Qualivrac, acteurs spécialisés du secteur. De son côté, Carrefour s’est associé avec Loop afin de proposer un système de consigne pour la livraison à domicile.
Et demain ?
Ainsi, si personne ne connaît la recette parfaite du modèle agricole de demain, nous commençons néanmoins à en deviner certains ingrédients. Agriculture biologique ou raisonnée, permaculture, circuits courts voire ultra-court avec l’agriculture urbaine, prise en compte du bien-être animal, réduction des déchets, commerce équitable… Mais aucune des ces solutions prise isolément ne suffira à bâtir un système alimentaire juste et soutenable. Le modèle agricole unique a fait son temps. L’industrialisation du vivant, l’agriculture hyper intensive et la monoculture généralisée sont des solutions qui appartiennent au passé. Les contours de l’agriculture de demain se dessinent sous nos yeux dans ce foisonnement d’initiatives.
Pour découvrir les initiatives lancées par MiiMOSA pour répondre aux problématiques du COVID19, rendez-vous sur cet article de blog.
Si vous souhaitez, vous aussi, agir en faveur d’une alimentation et d’une agriculture plus saine et locale, rendez-vous sur www.miimosa.com
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