La crise sanitaire dans laquelle nous sommes plongés depuis le mois de mars a suscité chez les Français de nombreux questionnements sur leurs modes de consommation. Comment s’approvisionner à l’heure des rideaux de magasins baissés, de la fermeture des frontières et du ralentissement de la production ? Plus spécifiquement, les marques de la filière textile, mises à rude épreuve depuis six mois, ont vu leurs ventes s’effondrer, leurs magasins fermer, et ce parfois définitivement. Depuis plusieurs années, cette baisse de  la consommation va de pair avec la volonté de limiter l’impact environnemental de cette filière, qui s’est traduite par la naissance de nombreux labels et initiatives éthiques. Amorce-t-elle la relocalisation des filières textiles, des champs aux vêtements ?

Un retour au local pour limiter l’impact environnemental

L’hypothèse de la relocalisation de la filière textile en France commence ainsi à s’imposer depuis quelques mois. D’abord, le retour au local figure parmi les attentes sociétales les plus fortes des Français pour le monde de demain. D’après un sondage réalisé par Cetelem et Harris  Interactive, 52% d’entre eux consomment plus de produits locaux qu’il y a trois ans. Autre signe encourageant : de plus en plus de marques adaptent leurs manières de produire pour réduire leurs impacts environnementaux et sociaux. Parmi les initiatives les plus marquantes de ces dernières années, on compte le référentiel GOTS (le “Global Organic Textile Standard”,  une des références mondiales d’évaluation des fibres biologiques), le label Fairtrade certifiant aux coopératives de petits producteurs un prix juste et stable ou encore Origine France Garantie qui valorise le savoir-faire français. Au sein de cette myriade de labels et certifications, le consommateur en quête de sens a parfois du mal à s’y retrouver. De ce constat est né SloWeAre, le label des labels qui a pour vocation de repérer les articles issus d’une mode éthique et éco-responsable en mettant en lumière des marques qui respectent un cahier des charges socio-environnemental pointu. Ces certifications s’érigent en phares dans un monde où les marques et nouvelles tendances tendent à proliférer.

Par ailleurs, le secteur textile, en croissance exponentielle ces dernières années, se révèle l’un des plus polluants de la planète. Certaines marques décident de faire de cet alarmant constat une opportunité pour changer leurs façons de produire. Que ce soit pour la planète, le soutien à l’agriculture locale, la préservation des ressources en eau ou encore la santé de ceux qui portent ces vêtements, les bonnes raisons ne manquent pas. Dans la famille des chiffres préoccupants de l’Ademe, appelons l’eau potable dont 4% du stock mondial disponible est utilisé pour la production textile et les gaz à effet de serre dont 1,2 milliards de tonnes sont émise chaque année. 

Des initiatives encourageantes

Il semblerait néanmoins que les solutions de demain se dessinent aujourd’hui. De nombreuses marques françaises travaillent d’ores et déjà sur des outils pour systématiser le recyclage des vêtements produits et relocaliser leur confection dans l’Hexagone. Ces projets ne sont pas sans embûches, mais témoignent d’une véritable réflexion sur la nature du produit. Comment produire mieux ? plus local ? plus durable ? La marque de jeans française 1083 a participé à la reprise de la société de tissage avec laquelle ils s’étaient lancés, un moyen de sauvegarder des emplois ainsi que le savoir-faire. Depuis, la marque s’est penchée sur le recyclage avec l’initiative MonCoton, lancée il y a 3 ans et rejointe par le Slip Français. 1083 a ainsi créé un procédé pour fabriquer des jeans à base de tissus recyclés, ces jeans étant également consignés et recyclables à l’infini. Dans une logique d’économie régénératrice, ils font naître ainsi un cycle vertueux et local autour du textile. Si vous souhaitez retrouver d’autres initiatives de marques engagées, la Marketplace WeDressFair recense tous les articles bio, écolos et éthiques.  

 

Vers une relocalisation de la production

Toutefois, pour réimplanter la filière en France, encore faudrait-il que la matière première soit au rendez-vous. Or, s’il semble utopiste d’espérer un jour avoir du coton made in France, les cultures du lin, du chanvre ou encore de l’ortie apparaissent comme des alternatives possibles pour relocaliser l’ensemble de la filière dans l’Hexagone. S’habiller deviendrait ainsi un moyen de capter du carbone ! Avec près de 75% de la production mondiale de lin et 50% de celle de chanvre sur son territoire, la France a tous les atouts de son côté. Sur MiiMOSA, de plus en plus de porteurs de projets sont en recherche de financements pour mener à bien des projets de textile durable, à l’image de la filature de lin en Alsace Velcorex ou de la famille Decultot, qui finance du matériel pour de la culture de lin sans pesticides.  Quant au chanvre, son usage pour l’industrie textile est encore aujourd’hui anecdotique. Son avenir est pourtant rempli de promesses. En effet, il est très peu gourmand en produits phytosanitaires face au lin, en plus d’être thermorégulateur et résistant aux UV. 

 

 

La délocalisation massive des métiers textile commencée dans les années 1970 ayant entraîné la disparition, entre 1996 et 2015, de 2/3 des emplois du secteur, le chantier semble immense. La perspective d’une production juste, durable et locale reste conditionnée par une implication réelle des marques mais aussi par l’obtention de financements suffisants pour les agriculteurs. 

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