Romain Aubugeau
Le mois dernier, l’INRAE a restitué les résultats de son étude sur la diversité végétale. Une étude qui nous permet de voir l’importance de l’agroécologie pour la protection des cultures mais aussi la rentabilité que la diversité végétale offre aux exploitations. MiiMOSA vous fait le résumé de la restitution.
Agroécologie : qu’est-ce que la diversité végétale ?
Comme vous le savez, l’utilisation des intrants (pesticides) de synthèse nous a mené à une perte de diversité végétale ce qui a généré un impact direct sur notre environnement mais aussi sur notre santé.
La diversité végétale permet quant à elle de rétablir un équilibre entre environnement et rentabilité des productions. Son objectif est simple : favoriser la régulation naturelle des bioagresseurs (champignons, virus, plantes parasites, invertébrés, etc.). En effet, augmenter la diversité végétale permet de « diluer » la plante hôte du bioagresseur dans un couvert ou un paysage de plantes non hôtes.
Elle peut se faire sous plusieurs formes, on parle de pratiques diversifiées telles que :
- Mélanges variétaux, variétés hétérogènes (paysannes, traditionnelles),
- Mélanges d’espèces : cultures de rente, intégration de cultures pérennes (agroforesterie), plantes de services,
- Éléments semi-naturels en pourtour de parcelle (haies, bandes enherbées…) dans le paysage environnant (telles que les prairies permanentes, les forêts),
- Diversification des rotations.
Diversité végétale : quelle pratique pour quel impact environnemental ?
Il existe plusieurs pratiques de diversification végétale. Chacune d’entre elles a un impact direct sur leur environnement. Voici les grands enseignements que l’on peut tirer pour 5 axes de la diversité végétale :
- Agroforesterie : L’agroforesterie vous permettra d’améliorer la biodiversité, la qualité de l’eau, la qualité du sol de votre exploitation mais aussi de stocker le carbone permettant de diminuer l’impact environnemental de votre activité.
- Culture de couverture : Quant à elle, la culture de couverture aura un lien direct avec la qualité de l’eau disponible, permettra de stocker le carbone mais sera parallèlement très émettrice de carbone.
- Cultures associées et plantes de services : Les cultures associées et plantes de services auront un impact positif sur la biodiversité, la qualité du sol, le stockage de carbone et surtout sur la qualité de l’eau.
- Rotation : La rotation des cultures aura elle aussi un impact direct sur la biodiversité, la qualité du sol et le stockage carbone.
- Végétation non cultivée : En plus d’avoir un impact direct sur la biodiversité et la qualité de sol, la végétation non cultivée permet d’améliorer la pollinisation.
Diversité végétale : quels effets sur les bioagresseurs ?
L’intérêt principal de la diversité végétale est de répondre positivement à ces “ennemis des cultures”. Bien qu’il n’y ait pas de préconisation générique (cela dépendra des pratiques agricoles, des conditions climatiques, de la position géographique de l’exploitation, etc.), voici quelques exemples de pratiques qui permettent de répondre à certains bioagresseurs.
*Ces éléments sont issus d’une étude d’environ 900 articles synthétisés par l’INRAE
On remarque donc que l’impact des bioagresseurs peut être limité grâce à des pratiques de diversification végétale et donc, sans passer par des intrants chimiques.
Diversification végétale : augmentation des rendements et performance économique
Outre la protection des cultures, la diversification végétale est un véritable levier pour atteindre des rendements supérieurs aux activités non diversifiées et permet également, à court terme, de voir une rentabilité économique.
Par exemple, les mélanges de variétés permettent quelques gains de rendement (environ + 3%) mais permettent surtout une stabilisation interannuelle des rendements. L’association de cultures, les rotations diversifiées et l’agroforesterie permettent quant à eux des gains de rendement notables : + 10 à 40%. A contrario, les éléments semi-naturels (ESN) ne modifient pas les rendements.
Aussi, il faut retenir que la diversification est plus performante économiquement :
- En contexte de forte pression de bioagresseurs : mélanges des variétés de blé, assolements de grandes cultures et jachères, enherbement inter-rang,
- Dans les systèmes à bas niveaux d’intrants notamment en agriculture biologique : culture de rente (céréales et légumineuses, maraîchage, etc.), semences paysannes (blé),
- Dans les contextes économiques de prix de la production bas ou de coûts d’intrants élevés.
Quels enseignements tirer de la diversité végétale et quelles préconisations de diversification ?
L’INRAE a tiré plusieurs enseignements de l’analyse des études menées sur la diversité végétale. Certaines sont à lire avec un regard macro mais d’autres peuvent tout à fait s’adapter à votre exploitation. On notera :
- L’importance de mélanger les variétés : l’INRAE préconise de diversifier les variétés cultivées sur l’exploitation. 4 à 5 variétés seraient optimales pour assurer la régulation des maladies.
- Associations d’espèces : l’association au minimum deux espèces non sensibles aux mêmes bioagresseurs est indispensable.
- Le développement de l’agroforesterie : en France, plus ou moins 3,0 Mha de cultures et 2 Mha de prairies seraient aptes à être complantées d’arbres. Et pourquoi pas votre exploitation ?
- Pour les grandes cultures et la rotation : nécessité de diversifier les dates des semis (hiver et printemps), insérer des légumineuses dans les cultures, limiter la fréquence du colza pour réguler les adventices.
- Tailles optimales des parcelles à 3 ha pour améliorer la diversité végétale sur les territoires. Les 3 ha permettent de favoriser la régulation et la biodiversité associée.
- Éléments semi-naturels (ESN) : pour chaque ha d’exploitation, il est recommandé d’ajouter environ 300 m de haies.
Conclusion : La diversité végétale est un enjeu crucial pour l’avenir de l’agriculture. En effet, elle offre de nombreux avantages, tels que la protection des cultures contre les maladies et les ravageurs, la promotion de la biodiversité et des services écosystémiques, ainsi que des rendements souvent supérieurs à ceux des systèmes peu diversifiés. Cependant, la rentabilité économique à court terme peut être mise en danger car la diversification nécessite des investissements initiaux importants. Il est donc conseillé de réaliser un plan de financement pour maintenir une trésorerie le temps de la mise en place de diversification végétale. Envie de financer votre diversification végétale ? Présentez-nous votre projet, nos conseillers vous répondent sous 48h.
Source : INRAE – Expertise scientifique collective : la diversité végétale, une solution agroécologique pour la protection des cultures
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